Un mythe pourrait s’effondrer. On considérait que les taux de bon cholestérol étaient un bon indicateur des risques d’attaques cardiaques. Une étude génétique
remet cette affirmation en cause, une seconde montre même qu’il est
parfois néfaste. Le mauvais cholestérol, en revanche, reste lui fidèle à
sa dénomination.
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Le schéma est un peu simpliste mais fonctionnait assez bien. Le cholestérol, une molécule lipidique fondamentale dans l’organisme (composant les membranes cellulaires, à l’origine de nombreuses molécules comme la vitamine D3 ou les hormones stéroïdiennes comme la testostérone ou les œstrogènes, etc.) est transporté dans l’organisme par différentes particules protéiques pour le guider dans les organes cibles.
Certaines sont dites mauvaises, car des taux élevés sont associés à des risques importants de maladies cardiovasculaires : ce sont les LDL (low density lipoprotein). À l’inverse, d’autres sont dites bonnes, de nombreuses études ayant montré que les HDL (high density lipoprotein) étaient retrouvées à plus hautes doses chez des personnes moins susceptibles d’être victimes d’une attaque cardiaque. Ainsi ont été définis le mauvais et le bon cholestérol.
Les thérapies actuelles pour traiter l’hypercholestérolémie, à base de statines,
font diminuer les taux de LDL. En revanche, d’autres médicaments, ayant
pour objectif d’augmenter les concentrations en HDL, n’arrivent pas à
passer avec succès les essais cliniques. Trois molécules viennent d’en faire les frais récemment. De quoi laisser un peu dubitatif quant à leur réelle implication.
Plus de bon cholestérol, autant de risque cardiovasculaire
Une partie du mystère vient peut-être d’être résolue par une vaste étude dirigée par des chercheurs du Massachusetts General Hospital à Boston. En étudiant quinze gènes
chez plus de 170.000 patients, ils sont arrivés à la conclusion que le
bon cholestérol n’était pas un indicateur fiable des risques d'attaque
cardiaque. L’ensemble de leur expérience est décrite dans The Lancet.
À l’aide d’une technique appelée randomisation
mendélienne, qui consiste à vérifier le lien de causalité entre gènes,
biomarqueurs et maladies, les scientifiques ont commencé par s’assurer
de la relation entre les variants géniques qui déterminent les niveaux de mauvais cholestérol et le risque de maladies cardiovasculaires. Comme attendu, les plus hauts taux sont corrélés aux attaques cardiaques.
L'hypercholestérolémie conduit à un dépôt de LDL dans les vaisseaux sanguins formant une plaque d'athérome.
Ceux-ci étant obstrués, le sang circule mal et peut même ne plus se
frayer de chemin. Cela peut s'avérer mortel. © bmsfrance.fr
Mais la surprise fut de taille lorsque les scientifiques se sont intéressés au HDL. Le gène de la lipase endothéliale, qui affecte directement les taux de la lipoprotéine, a été scruté chez 116.320 personnes. Ceux possédant l’allèle
qui leur permettait d’avoir des concentrations 6 % plus élevées en bon
cholestérol n’étaient pas pour autant davantage à l’abri de risques
cardiovasculaires. En poursuivant leur investigation auprès de 53.813
sujets pour quatorze autres gènes directement concernés par les taux de
HDL, la conclusion est restée la même : il n’existe aucune association
entre les niveaux de bon cholestérol et la probabilité d’être victime d’une attaque cardiaque.
Le bon cholestérol pourrait même être mauvais
La communauté scientifique est un peu partagée suite
à cette annonce. Les auteurs expliquent que le bon cholestérol ne joue
sûrement que le rôle d’un indicateur (de l’obésité, de la sédentarité, de la consommation de tabac, de la résistance à l’insuline, etc.) mais qu’il ne participe pas directement à la protection cardiovasculaire.
Certains acquiescent, d’autres ont plus de
difficultés à accepter qu’une seule étude puisse faire tomber un mythe.
Cristopher Cannon, du Brigham and Women Hospital de Boston, raconte à CBS
qu’il s’attend à de meilleurs résultats pour des taux de HDL plus
élevés. Steven Nissen, cardiologue à la clinique Cleveland, explique
dans le New York Times que le HDL est une molécule complexe, une partie du bon cholestérol pourrait effectivement avoir un rôle protecteur.
Un autre travail de recherche, paru il y a quelques mois dans le Journal of the American Heart Association, pourrait bien donner raison à Steven Nissen. En effet, les chercheurs ont remarqué que 13 % des HDL portaient une protéine
particulière, appelée apolipoprotéine C-III, et que ceux-ci étaient
corrélés à une augmentation des risques de maladies coronaires. À
l’inverse, le bon cholestérol dépourvu de cette protéine était associé à
une diminution de ces mêmes risques.
La différence entre le bien et le mal semble donc toujours un peu plus complexe qu’elle en a l’air. Seuls différents travaux complémentaires permettront de préciser le rôle de chacun dans l’apparition des maladies cardiovasculaires.
Par Janlou Chaput, Futura-Sciences