Les statuts de centaines d’espèces ont fait l’objet de nombreuses attentions durant la 16e
conférence des parties des signataires de la Cites. Le commerce de
l’ours polaire n’est pas interdit. En revanche, cinq espèces de requins
et les raies mantas
voient leur protection accrue. Un renforcement de la lutte contre le
braconnage des éléphants et des rhinocéros a été défini. Quant au tigre de Tasmanie, il est considéré comme totalement disparu.
Le commerce illégal d’animaux ou de plantes sauvages met de nombreuses espèces à mal, les menant parfois sur le chemin de l’extinction. Pour tenter d’enrayer ce problème, 177 États ont adhéré à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites). Comme tous les trois ans, ils viennent de se réunir à Bangkok (Thaïlande) durant la 16e conférence des parties afin de décider du statut
à attribuer à plus de 400 espèces animales et végétales. L’événement
s’est conclu hier, le 14 mars. Futura-Sciences en dresse un bilan.
Les parties ont également soumis 70 propositions au
vote : 55 d’entre elles ont été acceptées, 9 rejetées et 6 retirées. Il y
a donc eu de nombreux gagnants, mais aussi quelques perdants, à l’image
des ours polaires (Ursus maritimus).
Les États-Unis et la Russie souhaitaient classer cette espèce dans
l’annexe I de la Cites, afin d’en interdire totalement le commerce, mais
la proposition a été rejetée, car la majorité des deux tiers n’a pas
été atteinte. La Colombie souhaitait également protéger ses raies d’eau douce Potamotrygon motoro et Potamotrygon schroederi, une fois de plus sans succès.
Les ours polaires (Ursus maritimus) sont inscrits dans l'annexe II de la Cites. Leur commerce, ou celui de leurs produits dérivés, est donc fortement régulé, mais pas interdit. © Blake Matheson, Flickr, cc by nc 2.0 |
Les requins (dont les ailerons sont prisés en Asie)
et les raies mantas sont de leur côté les grands gagnants. Cinq
nouvelles espèces de squales ont ainsi été inscrites dans l’annexe II de
la Cites : le requin longimane (Carcharhinus longimanus), le requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini), le grand requin-marteau (Sphyrna mokarran), le requin-marteau lisse (Sphyrna zigaena) et le requin-taupe (Lamna nasus). L’année dernière, toutes espèces confondues, plus de 100 millions de requins ont été pêchés dans le monde.
Pour être autorisé à poursuivre cette pêche, il faudra disposer d’un permis, donc s’engager à suivre certaines règles de sauvegarde. Les raies mantas
ont été protégées, car elles grandissent lentement et ne mettent au
monde qu’un jeune tous les deux à trois ans. Leurs populations sont donc
très sensibles à la surpêche.
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Lutte renforcée contre le braconnage
D’importantes décisions ont également été votées
pour des animaux terrestres. Les éléphants et les rhinocéros sont
particulièrement prisés par les braconniers, respectivement pour leurs défenses en ivoire
et leurs cornes aux prétendues vertus thérapeutiques. Ils disposent
déjà des plus hauts niveaux de protection, ce qui n’a pas empêché
l’explosion du marché illégal de leurs appendices.
Les pays touchés par le commerce de ses produits ont
reçu quelques recommandations. Le Mozambique a par exemple été invité à
promulguer des lois plus strictes et à appliquer des sanctions fermes à
l’encontre des trafiquants de cornes de rhinocéros.
Le Vietnam doit pour sa part adopter des stratégies pour réduire sa
demande. Il devra les justifier dans un rapport qui doit être transmis à
la Cites avant 2014.
Les rhinocéros peuvent mesurer quatre mètres de long pour deux mètres de haut et peser jusqu'à trois tonnes. Leurs accouplements peuvent durer plus de 30 minutes, ce qui justifierait les croyances portées sur les vertus de leurs cornes en Asie. © Thomas Hawk, Flickr, cc by nc 2.0 |
Le marché de l’ivoire ne s’est jamais aussi bien
porté que ces dernières années. Environ 25.000 pachydermes ont été
abattus rien qu'en 2011. La réglementation régissant le commerce d’éléphants ou de leurs défenses a ainsi été révisée, modernisée et renforcée (notamment pour tenir compte du commerce en ligne).
Des actions ciblées ont été prévues au sein des 30
pays concernés par ce fléau. Dans les contrées où sont saisies de
grandes quantités d’ivoire, les autorités sont invitées à pratiquer sous
90 jours des tests ADN sur les objets saisis, l’objectif étant de déterminer leur provenance pour mieux cerner les faiblesses des programmes de protection.
Les éléphants font principalement l'objet d'un commerce illégal pour leur ivoire. Certains collectionneurs aiment également posséder des animaux, ou certains de leurs appendices, naturalisés. Les efforts de préservation entrepris depuis plusieurs années n'arrivent pas à enrayer le braconnage dont cet animal est victime. © dremsem, Flickr, cc by nc 2.0 |
Un commerce du bois tropical mieux régulé
Les organismes végétaux ne sont pas en reste, notamment les bois tropicaux
dits précieux (bois de rose, ébène, palissandre, etc.). Plus de 200
espèces végétales asiatiques, malgaches ou latinoaméricaines ont ainsi
été inscrites dans les annexes de la Cites. La demande sans cesse
croissante des marchés internationaux pour ces essences serait en effet
responsable de nombreux abattages illégaux dans les pays concernés, sous l’égide de mafias locales. Leur commerce sera donc régulé afin de le rendre durable.
Au total, 343 nouvelles espèces ont été inscrites
dans l’annexe II, 4 organismes ont été surclassés vers l’annexe I, 4
autres ont suivi le chemin inverse, et enfin 17 espèces ont perdu leur
protection. À noter que le tigre de Tasmanie
a été effacé des listes, car il est officiellement considéré comme une
espèce disparue. La prochaine conférence des parties de la Cites se
tiendra en 2016 en Afrique du Sud. Il sera alors temps de voir si les
efforts entrepris ont porté leurs fruits.
Par Quentin Mauguit, Futura-Sciences.com