Les nouvelles orchidées de Cuba

Deux nouvelles espèces d’orchidées, Tetramicra riparia et Encyclia navarroi, ont été découvertes à Cuba. Ce sont des espèces endémiques des Caraïbes, mais leur origine est floue : Cuba ou Hispaniola ? Encore une histoire d’évolution
 
La biodiversité des Caraïbes est incroyablement luxuriante. De même que pour le Brésil ou Bornéo, prononcer le nom de la région suffit pour imaginer la richesse du lieu. Cela fait plus de 200 ans que les îles des Caraïbes sont une source d’inspiration et des laboratoires naturels pour les biologistes. C’est d’ailleurs grâce aux îles tropicales que Darwin a élaboré la théorie de l’évolution.
À Cuba, l’une des plus grandes îles de l’espace des Caraïbes, deux nouvelles espèces d’orchidées ont récemment été découvertes. À l’est du parc national Alejandro de Humboldt, l’équipe de recherche espagnole de l’université de Vigo a découvert Tetramicra riparia. C’est une nouvelle espèce d’orchidées à très petites fleurs. Elle doit son nom à son lieu de vie. En effet, elle pousse sur les rives des ruisseaux pierreux dans les montagnes près de Baracoa, dans la région la plus pluvieuse de Cuba. Presque un an plus tôt, à l’ouest du même parc, l’équipe découvrait Encyclia navarroi, l'autre espèce nouvelle, aux très grandes fleurs.
Voici Encyclia navarroi, une espèce d'orchidée découverte au parc national Alejandro de Humboldt de Cuba. Les scientifiques ont recensé entre 25.000 et 30.000 espèces d’orchidées différentes.
Voici Encyclia navarroi, une espèce d'orchidée découverte au parc national Alejandro de Humboldt de Cuba. Les scientifiques ont recensé entre 25.000 et 30.000 espèces d’orchidées différentes. © Angel Vale



Quelle origine pour les deux nouvelles espèces d’orchidées ?
Dans la famille des orchidées, il existe entre 25.000 et 30.000 espèces différentes. C’est précisément cette diversité qui fascine, car contrairement aux autres plantes, la plupart des orchidées n’ont pas de nectar. Darwin était particulièrement intrigué par ces plantes qui entretiennent une relation particulière avec les pollinisateurs.
Pour attirer l’insecte, l’orchidée le fourvoie. C’est le processus de mimétisme : elle modifie sa forme et sa couleur pour ressembler à la femelle du pollinisateur !
La délicate Tetramicra riparia ressemble par plusieurs aspects à des orchidées de l'île voisine d'Hispaniola.
La délicate Tetramicra riparia ressemble par plusieurs aspects à des orchidées de l'île voisine d'Hispaniola. © Angel Vale

L'histoire des orchidées est aussi celle de leurs îles

Un des mystères que l’équipe scientifique espagnole cherche à résoudre est de savoir si ces orchidées trompeuses ont une plus grande diversité taxonomique et génétique que les autres espèces productrices de nectar. « La façon dont les orchidées T. riparia grandissent est très similaire à un groupe plus important qui vit sur l'île voisine d'Hispaniola. Des analyses moléculaires suggèrent une importante relation entre T. riparia et les espèces de l'île voisine », explique Angel Vale, biologiste à l'université de Vigo.
Cette relation serait en accord avec l'histoire géologique des îles des Caraïbes : l'extrémité orientale de Cuba a déjà été en contact avec Hispaniola. Mais l'ancêtre de l’espèce était-il déjà à Cuba, ou bien l’espèce a-t-elle évolué à partir d'un ancêtre de l’île voisine ? Compte tenu de la complexité de la pollinisation, les deux nouvelles espèces Encyclia navarroi et T. riparia ne reçoivent pas beaucoup de visites des insectes. En déterminant quand ces espèces ont vu le jour pour la première fois, les scientifiques identifieront leur origine.

 Par Delphine Bossy, Futura-Sciences